19h. Cela faisait une demi-heure que Marilyn tournait en rond chez elle. On était un mardi, en pleine semaine. La plupart des gens rentraient chez eux, après une dure journée de travail. Ce n'était pas le cas de la jeune femme. Elle avait passé la journée chez elle, à faire un semblant de ménage et à bouquiner. Elle ne tenait plus en place, il fallait qu'elle sorte. Elle enfila une paire de jeans élimés, un top qui traînait sur la table, une paire de talons hauts et elle sortit en coup de vent de chez elle, son sac à main et sa veste en cuir sur l'épaule. Elle descendit les escaliers à toute vitesse comme si quelque chose d'important l'attendait là-bas, dehors. Son coeur battait un peu vite et elle avait cette fièvre, ce sentiment qui la prenait parfois et dont elle ne pouvait pas se débarrasser si facilement.
Elle se stoppa sur le pas de la porte d'entrée. Elle prit un instant pour regarder les gens se presser chez eux. Toute cette agitation, elle aimait l'observer. Les visages des gens en fin de journée étaient tellement plus intéressants qu'au matin. Tellement plus vivants.

Marilyn se promenait dans les rues sans savoir vraiment où aller. Parfois elle s'arrêtait devant une vitrine, une autre fois pour observer un couple qui s'enlaçait au bord de la route.
Au bout d'un moment, la jeune femme commença à se fatiguer. Elle voulait se poser quelque part et boire un verre. Elle décida de se rendre au Chaudron Baveur qui n'était qu'à une rue de là où elle se trouvait. Elle marchait, cette fois, d'un pas décidé. La douce chaleur de l'alcool commençait à lui manquer.

En entrant dans l'établissement, elle fut étonnée de voir qu'il était presque vide. On était mardi mais quand même! Elle qui espérait faire la causette avec de jeunes étudiants; c'était mort pour cette fois. Elle se dirigea vers le comptoir et s'assit sur un haut tabouret. Elle promena son regard et c'est un jeune homme, un des serveurs plus précisément, qui attira son attention. Elle l'avait vu à plusieurs reprise ici et avait eu l'occasion de parler un peu avec lui. Le jeune homme intriguait beaucoup Marilyn car il avait un visage très particulier. Un de ses visages qui restent ancré dans votre mémoire pour toujours.
Le jeune homme en question se dirigea vers elle et lui demanda ce qu'elle désirait consommer. « Une bière s'il-te-plaît », lui répondit-elle en le tutoyant. C'était une habitude chez elle, de tutoyer les gens. Elle prendrait quelque chose de plus corsé un peu plus tard, lorsqu'elle en éprouverait le besoin. Pour l'instant une bonne bière lui suffisait.